Interview et critique du film « Dumbo » par Tim Burton

 

Sortie le 27 Mars 2019, nous retrouvons le classique et 5ème long métrage de Disney (4ème classique Disney) : Dumbo, dans un tout nouveau film action-live réalisé par Tim Burton, que nous avons pu rencontrer et interview avec Eva Green (pour son rôle de Colette).

 

Dumbo est un classique Disney signé Walt Disney en 1941 et qui n’a cessé de gagner en popularité au fil des générations. Nous retrouvons Dumbo l'éléphanteau aux grandes oreilles né dans le cirque de Max Medici (Danny DeVito) où péripéties et aventures l'attendent ! Dans cette nouvelle version, les humains prennent une place plus importante que dans la version de 194. Les scènes deviennent plus intenses, plus touchantes, et émouvantes accompagnées de l'instrumental du grand compositeur Danny Elfman, et où nous retrouvons également la musique classique et indémodable « Baby Mine » joué par Arcade Fire.

 

A contrerio du remake « La Belle et la Bête » de Bill Condon (2017), « Dumbo » a entièrement été remanié et est assé éloigné du classique de Disney, en séparant le film en deux parties :

• La base de l'histoire de Dumbo avec quelques clin d'oeil du classique Disney : les cigognes de passage, le design du train Casey Jr avec son côté expressif et malgré la souris Timothy absente, quelques souris sont présentes. On peut également retrouver l’importance de la plume, le déchirement à la séparation de Dumbo avec sa maman ainsi que certains éléments visuels.

• Un contenu additionnel et créatif du film original : l'ajout d'un parc d'attraction, DreamLand géré par V.A Vandevere (Michael Keaton), ainsi que de nombreux personnages tel que, Colette Marchant, grande trapeziste Française, Holt Farrier (Collin Farrel) et ses deux enfants Milly et Joe Farrier (Nico Parker et Finley Hobbins) personnages centrals du film.

 

Tim Burton a su réinventé un grand classique des début de Walt Disney bien trop oublié, tout en conservant le morale fondamentale de l'histoire avec une maginfique et digne fin !

Film Dumbo Tim Burton

Film Dumbo Tim Burton

Film Dumbo Tim Burton

INTERVIEW EXCLUSIF DE TIM BURTON ET EVA GREEN

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« J'ai fais Dumbo car je me sens proche de lui. J'ai toujours faire quelque chose qui me parle et auquel je suis très attaché intimement »

 

DUMBO - Tim Burton Eva Green

« Cest la passion qui est très contagieuse. Je m'entrainais dans une grande tente où ils vivent tous ensemble. Il s'aident et s'entraident. »

 

 

TIM BURTON

 

En quoi Dumbo vous a t-il fait rêver et en quoi croyez-vous qu'il fasse rêver les nouvelles générations ?

« Pour moi le symbole de cet éléphant volant c'est d'abord une très belle métaphore de la façon dont on peut se sentir lorsque l'on est particulier, et c'est aussi pour moi une histoire plus personnelle. L'histoire d'un personnage un peu étrange, qui n'a pas l'air de vraiment rentrer dans le moule, que l'on a du mal à définir. Cela ressemble à un autre niveau à mon histoire personnelle avec Disney, une histoire longue et belle. Je me suis aussi servi de cette proximité avec mon expérience. Enfin, je célèbre comme toujours la beauté d'être différent et évidemment la beauté d'être accepté par les autres. »

 

Avez-vous lu le livre Dumbo the Flying Elephant d'Helen Aberson et quel source d'inspiration a t-il été pour l'écriture du scénario ?

« Non, pour moi ce qui m'intéressait c'était la beauté et la simplicité de cette image que véhiculent tous les anciens films Disney. J'aime cette façon de parler comme une fable. Ce qui est important pour moi c'est l'inspiration visuelle. »

 

Quelles scènes du film avez-vous préféré tourner ?

« C'est un film assez étrange à tourner parce qu'il y a ces décors extraordinaires, ces acteurs, ces équipes, mais il manque quand même le personnage principal. En tournant ce film je voulais à la fois le rendre différent de l'original mais en même temps en garder toute son émotion. L'idée n'était pas pour moi de faire un remake mais une exploration différente. »

 

Eva avez-vous fait quelques recherches sur le travail de Tim Burton avant de tourner le film ?

« Je connaissais déjà le cinéma de Tim (Eva a joué dans Dark Shadows ainsi que dans Miss Peregrine et les Enfants Particuliers). Je ne vois pas de personnage qui soit ressemblant à Colette. »

 

Tim, est-ce que vous avez choisi ce thème et ce film Dumbo par qu'il est un écho à ce qu'a pu être votre oeuvre, les différences des personnages ayant ce qui a composé vos films jusqu'à maintenant ?

« Il est vrai que pour moi la raison principale de mon attirance pour Dumbo c'est finalement une ressemblance extrême avec qui je suis. A un moment c'est la risée de tous, c'est un personnage bizarre mais en même temps si particulier et spécial. Je suis très proche de ce que représente Dumbo dans le sentiment qu'il éveille. C'est pour cela que je voulais faire ce film. J'aime aborder un sujet qui me parle, auquel je suis profondément et intimement attaché. »

 

Vos films sont connus pour leur univers mystérieux et sombre. D'un autre côté les films Disney sont connus pour leur magie, les contes de fées, les fins heureuses. Comment avez-vous réussi à combiner ces deux mondes qui semblent si différents ?

« C'est intéressant de voir comment les temps ont changé car les films Disney nous permettaient d'aborder en tant qu'enfant les thèmes de la mort, de la vie, de la tristesse, que l'on a du mal à comprendre à cet âge. Il y a eu Dumbo mais aussi Pinocchio. Finalement de quoi se souvient-on le plus souvent, des parties les plus effrayantes, les plus tristes, donc pour moi il n'y a finalement pas de différence entre les deux mondes. »

 

Etait-il important d'inclure une dimension militante sur le fait que les animaux devraient vivre en liberté et non pas dans un cirque, ce qui n'était pas le cas dans le dessin animé original ? 

« Bizarrement je n'ai jamais particulièrement aimé le cirque, je trouvais les clowns terrifiants ainsi que les bêtes sauvages maintenues en captivité. En même temps le cirque est cet endroit un peu étrange où se regroupent les artistes, les reclus, les marginaux. C'est ce qui m'attirait dans l'univers du cirque. Je suis néanmoins ravi qu'il y ait moins de bêtes sauvages en captivité dans les cirques. Dans mon film, on a utilisé des chiens et des chevaux mais pas d'animaux sauvages en captivité. »

 

Vous avez développé autour de Dumbo beaucoup de personnages avec de grands acteurs dont Eva Green, Michael Keaton, Danny DeVito ou même Colin Farrell. Etait-il compliqué de trouver une place pour chacun en regard de leur histoire très riche ? 

« L'univers que je crée est forcément un peu stylisé. Vous avez par exemple un éléphant qui est réel mais qui ne l'est pas vraiment et vous avez des acteurs qui doivent interférer avec lui. Ce que j'aime c'est avoir autour de moi des gens un peu bizarres qui vont être en osmose avec un animal un peu bizarre. J'ai eu beaucoup de chance car j'ai réuni une troupe de gens extraordinaires et un peu barrés. J'ai été heureux de retrouver Michael Keaton avec qui j'ai travaillé il y a de nombreuses années ainsi que Danny DeVito. Et avec Colin Farrell c'est comme si on se connaissait depuis toujours. J'aimais l'idée que tout ce monde constitue une famille un peu dysfonctionnelle et c'était très important pour le film lui-même. J'ai été ravis que tous ces fous aillent avec moi jusqu'au bout de ma propre vision. »

 

Doit-on voir dans Dumbo le regret d'un réalisateur qui aurait aimé partager la vie itinérante et aventureuse des gens du spectacle ?

« Je n'ai pas de regret car lorsque l'on tourne un film on est en quelque sorte dans la même dynamique qu'un cirque avec ces fabuleux artistes autour de vous. »

 

Vous avez eu l'occasion de déclarer que Frankenstein vous réconfortait étant enfant. Qu'est-ce que ces êtres à part comme Frankenstein, Dumbo, Edouard ont de réconfortant et d'attachant dans cette beauté un peu à part ?

« On a tous une version différente de ce qui nous touche et nous interpelle. Aujourd'hui par exemple je me sens davantage Hoffman que Frankenstein. Je change de monstre au quotidien. Lorsque l'on s'identifie à ces personnages cela ne veut pas dire que vous êtes à même de vous consoler. En tout cas des images et des symboles comme Dumbo ont de l'importance par rapport à celà. »

 

Quelle importance avez-vous donné au contexte de la Première Guerre Mondiale dans le film ? Le personnage de Colin Farrell en est la manifestation immédiate avec la perte de son bras.

« Je voulais vraiment présenter Dumbo comme une fable donc il n'était pas nécessaire de montrer directement la Guerre, en particulier comment Holt perd son bras ou sa femme. Lorsque l'on rencontre ces personnages on n'a pas besoin de voir littéralement ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils ont souffert pour les comprendre. Ce n'est pas le point central. L'important est de donner ce contexte mais également de le présenter comme un écho. C'est un parallèle avec ce que vit et ressent Dumbo, à son propre parcours. »

 

EVA GREEN

 

Qu’est-ce qui vous a le plus séduit dans ce film ?

« J'ai grandi avec Dumbo, j'ai peut-être vu ce dessin animé quand j'avais 4-5 ans et cette histoire m'a toujours beaucoup bouleversée. Cette histoire d'éléphanteau, de maman, cette séparation étaient très émotionnelle en tant qu'enfant. Evidemment il n'y a personne d'autre que Tim pour mettre en scène cette histoire car il comprend les incompris. »

 

Eva, qu'est-ce qui vous a donné le plus de difficulté, vaincre votre peur du vide ou prendre un accent français à couper au couteau ?

« La peur du vide, évidemment. J’ai même appris que cela s’appelait de l’acrophobie. Au départ j'ai pensé que je n’y arriverais jamais et c'est vraiment grâce à la patience et à la passion des acrobates qui m'ont appris à faire des choses dingues là-haut que j'ai réussi à vaincre ma peur du vide. Mais cela a demandé beaucoup de temps et de patience, et j'y suis arrivée grâce à eux. »

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur le passé de Colette Marchant ? Etant une actrice française « Honte à moi vous me l'apprenez, je ne savais pas du tout. Le personnage de Colette est typique des artistes de l'âge d'or d'Hollywood, dans le style très glamour du cinéma muet. Vandever joué par Michael Keaton l'a trouvée dans les rues de Paris et en a fait une superstar en la ramenant à Dreamland. Au début, c'est un bel oiseau en cage qui attend pour s'envoler.  »

 

Avez-vous des films de référence pour le travail de recherche qui a été réalisé autour du film ? 

« J'aime infiniment tous les films et tout le cinéma. Tous les films que j'ai vu dans mon enfance et dans ma vie m'ont inspiré. Dans le cas de Dumbo, je dois tout de même dire qu'il y a quelque chose dans la palette des couleurs et une certaine noirceur dans le film original qui m'ont inspiré.

 

Eva, qu'avez-vous ressenti en retrant dans l'immense décor du cirque imaginé par Tim Burton ? En tant qu'actrice qu'elle a été la scène la plus forte à tourner ?

« L'une des premières scènes que j'ai tournées est celle lorsque l'on est tous dans la voiture  pour entrer dans Dreamland. Il n'y avait pratiquement pas d'écran vert, ce qui est un luxe. On avait les attractions, les figurants, les acrobates et un groupe de jazz. C'était extraordinaire, on avait tous l'impression de revenir à l'âge d'or hollywoodien. Une passion vraiment contagieuse. Je m'entraînais tous les jours dans une espèce de grande tente où les artistes vivent tous ensemble. C'est un peu "cucul" de le dire mais c'est vraiment une famille. Ils s'aiment et s'entraident. Les clowns vont aller aider les trapézistes par exemple. Et c'est particulièrement fascinant et impressionnant de les regarder. »

 

Votre personnage Colette est très engagé et s'émancipe du contrôle d'un homme très toxique. Cette dimension engagée est-elle est critère pour le choix de vos rôles ?

« Je ne choisis par un rôle en me disant qu'il faut que cela soit féministe mais évidemment j'aime les femmes fortes et non pas les femmes soumises. Des femmes qui ont un voyage comme Colette, un oiseau en cage qui va se rendre compte que sa vie est superficielle. Des femmes complexes, qui ont du courage, des femmes modernes. »

 

Dit-on tout de suite « oui » lorsque Burton vous propose un film ? A quoi ressemble sa direction d'acteurs sur un tournage ?

« Qui ne dirait pas oui ? On n'a même pas besoin de lire un script, on se dit toujours que cela va être un univers particulier, haut en couleurs, ou un rôle que l'on a jamais joué. Les rôles que Tim m'a offerts ont toujours été extrêmement divers. C'est une atmosphère qui est toujours très joyeuse sur son plateau, ce qui est rare surtout sur des grosses machines comme Dumbo. Il y a vraiment une atmosphère chaleureuse, Tim travaille souvent avec la même équipe, les mêmes assistants et producteurs, donc il n'y a pas de jugement et c'est un vrai plaisir. »

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